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Robert PIGEYRE

 

                 Depuis trente ans, j’ai choisi de réaliser des figurines de 90 mm, en base « plomb », habillées et équipées en utilisant les matériaux qui me paraissent les plus aptes à produire l’effet ou la texture recherchés (feuilles de métal, plumes, tissus, fourrure, cuir, perles) et le plaisir que j’y trouve est toujours le même.

Pourquoi le scratch :

 

Après être passé par plusieurs étapes « classiques » (Historex, Historex transformé, plomb 75 mm, plomb 90 mm, légèrement transformé) j’ai eu envie de faire les personnages dans l’époque, le lieu, la situation que j’imaginais; les figurines vendues dans le commerce (que je ne saurais dénigrer), même transformées, ne me donnant pas entière satisfaction. Je m’en suis totalement libéré et je n’ai, très sincèrement, aucune envie d’y revenir (tout en admirant, je le répète, leur qualité de sculpture exceptionnelle).

 

Pourquoi 90 mm :

 

C’est la taille minimum (peut-être 70 mm) qui permet, à mon sens, d’utiliser d’autres matériaux que le mastic pour le costume et la création des accessoires. Une taille supérieure (120 mm) est bien sûr envisageable, mais fort coûteuse en mastic d’habillage (capes, robes, manteaux).

 

Pourquoi le « plomb » :

 

En fait un alliage d’imprimerie, cet alliage est plus dur et cassant que les alliages couramment utilisés, sa température de fusion est plus élevée mais il présente d’autres avantages : très résistant, il ne plie pas, inoxydable et surtout bon marché ( environ 1 euro le Kg chez les ferrailleurs mais malheureusement en voie de disparition…). Le « plomb » permet d’utiliser la soudure; ce mode d’assemblage qui peut sembler rébarbatif, présente en fait une souplesse d’usage bien supérieure à la colle : la prise est instantanée dans les positions les plus délicates (très faible surface de contact de deux pièces, voire aucune surface), l'assemblage est très résistant, réversible (on peut revenir dix fois sur un point de soudure ce que ne permet pas forcément un point de colle).

 

Les personnages :

 

La base plomb de mes figurines est un academic 90 mm (homme et femme) que j’ai modelé pour le rendre le plus « standard » possible : toutes articulations ( épaules, coudes, poignets, genoux, chevilles) coupées et remplacées par des tiges de laiton, tronc coupé sous la poitrine pour les mouvements du buste, tête réduite à l’essentiel, chauve… Le personnage est ainsi amené dans la position souhaitée à la manière des mannequins en bois articulés utilisés pour le dessin.

 

Les mastics :

 

J’utilise essentiellement trois sortes de mastics à deux composants :

 

- Metolux : mastic séchant très vite (15 à 20 mn) et très dur, pouvant être limé, pour les rebouchages ( cou, abdomen, épaules)

- Rubson métal, Milliput, Magic sculpt: qui ont la qualité d’être « limables » très fins et très lisses ( mais cassants après séchage) pour la peau et les vètements collés au corps ( manches serrées, culottes)

- Duro : qui a la qualité d’être « laminable » très fin et de rester souple pour les vètements flottants ( manches amples, capes, tuniques, robes…) mais il "peluche" et ne se polit pas aisément une fois sec.

Chaque mastic a ses avantages et ses inconvénients.

 

Les autres matériaux :

 

Pour chaque figurine, je recherche enfin les matériaux qui me paraissent les plus aptes à rendre les effets souhaités (plumes et papier pour les coiffes des indiens, fibres pour les cheveux, les crinières, fourrures, feuilles métalliques pour les armes et les cuirasses, perles pour les ornements, les boutons, cuir pour les harnachements.). C’est toujours une découverte et un plaisir qui n’exclut pas les tâtonnements, les contrariétés et bien sûr des « ratages » mais aussi d' heureux hasards; c’est le propre de la « création ».

 

Sujet et composition :

 

Le sujet est toujours un coup de cœur (comme pour tous les figurinistes), inspiré par une gravure, un film, une lecture. Mes préférences vont vers l’antiquité gréco-romaine, le moyen-âge, la Renaissance et les temps modernes jusqu’au XVIII ème siècle environ car les costumes d’alors alliaient la richesse de tissus, de fourrures, de drapés, de métaux. J’aime également les sujets orientaux pour les mêmes raisons, et les indiens d’Amérique.

 

La composition est généralement posée, statique, dans une situation aussi naturelle et vraisemblable que possible (scènes de vie courante, marché, tribunal, pause militaire, procession, cérémonie, cortège) qui n’exclut pas l’insolite. J’essaie de rendre une ambiance assez réaliste en fouillant la documentation (accessoires logiques et nécessaires) en imaginant le décor de base dans lequel les personnages sont intégrés (et non le contraire : un décor adapté in fine aux personnages) en évitant des personnages figés et très aseptisés, en « tenue de parade ».

 

Couleurs et peinture :

 

Daltonien, je n’ai évidemment aucune compétence particulière pour donner un quelconque conseil dans ce domaine; d’autres figurinistes bien plus talentueux le font avec bonheur, mais ce défaut au regard des couleurs ne doit pas décourager les "handicapés" à se lancer dans la figurine car il est en partie compensé par une plus grande attention spontanée portée sur les silhouettes, les attitudes, les matières, les textures.

 Par ailleurs, j'utilise depuis quelques années des pigments organiques purs, (naturels ou artificiels), des terres, des ocres, qui donnent à la texture des tissus un mat profond  ('velours, drap, feutre) évitant l'aspect parfois trop satiné de l'huile, ou crayeux de l'acrylique.

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